Section Paloise / Bayonne - Espoirs
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Match d'hiver...
Match à Pau, un samedi de février, le temps est d’entrée humide et pluvieux avec ce je ne sais quoi de froideur qui rappelle que les neiges sont éternelles derrière le boulevard des Pyrénées.
Le vieux stade de La Croix du Prince résiste à la folie bétonnière, cet envahisseur vertical qui pousse dès qu’un mètre carré de terrain se retrouve en jachère.
Un public de connaisseurs, plus vert que bleu, ceint ce terrain, encore libre, ouvrant son parapluie par intermittence et fermant haut le zip de son vêtement d’hiver et de pluie réunis.
L’arbitre, tout de noir vêtu, vient à peine de donner le coup d’envoi de ce match en retard que les Béarnais, pressés, ont déjà marqué un essai, tout en coin, au bout d’une action en mode express.
Comme entame, côté bayonnais, on a déjà vu mieux, mais chaque match a son histoire, ses handicaps et parfois ses remontadas fantastiques.
D’ailleurs, pour corser le score- à une lettre près, on aurait eu le parfait anacyclique- et pour rattraper la transformation ratée, le buteur palois va passer une pénalité sanctionnant une faute bayonnaise.
Déjà 8-0 et le match n’a même pas 10 minutes d’existence; à ce rythme-là, sachant qu’une rencontre dure 80 minutes, on va frôler ou dépasser allègrement la barre des 60 points.
On essaie crânement de revenir dans le match, on passe une pénalité, il n’y a pas de petit profit, au pays de Bayrou, tout est bon à prendre, même les miettes.
Mais à peine aies-je eu cette pensée lors de cette réduction du score, que les Palois -altruistes et plus adaptés à ce terrain gras avec leurs avants maousse costaud et leur ligne arrière plus rapide que la nôtre-marquent un nouvel essai, pour le coup transformé (15-3).
Les locaux vont marquer deux nouveaux essais, dont un suite à un ballon tombé par nos soins à hauteur de la ligne médiane et à un vieux dribbling à l’irlandaise qui rappelait les heures glorieuses de Lansdowne Road et les « Proud, Proud » hurlés par un Fergus Slattery remonté comme une Guinness de 15 heures.
On arrive à la mi-temps. Tredjeu, tête ouverte, revient avec un bandeau et une envie décuplée. Le score est lourd, mais on ne désespère pas et sur une pénaltouche de la dernière chance, le ballon porté qui suit amène l’essai hebdomadaire de Viljoen (29-8).
Au retour de la mi-temps, sur un petit côté de vrai demi de mêlée, près de la ligne d’en-but adverse,
Arthur Tredjeu va marquer en coin un nouvel essai pour les bleus (29-13).
On se prend à espérer, on envisage l’impossible, sans trop le crier sur les toits, mais le sport est impitoyable et laisse peu de place à la surprise ou à l’effondrement soudain.Thibault Lauray prend un jaune et Pau marque à nouveau suite à un groupé pénétrant de 15 mètres mené au pas de course (34-13).
Rasal, le meilleur Bayonnais du jour avec Lasha, marque lui aussi son essai hebdomadaire. Avec la transformation de Sarraude, on revient à un essai transformé du bonus défensif (34-20).
Un petit point de pris à cet instant du championnat, ça ne serait pas une mauvaise idée.
Hélas, cette hypothèse restera une chimère, un simple vœu pieux.
On ne marquera plus rien, seuls nos rivaux béarnais s’offriront un nouvel essai (39-20) et nous laisseront à nos atermoiements déclassés sous une pluie battante, froide, grise, presque sale.
Maintenant, c’est une coupure de trois semaines avant une reprise à Brive avec, on l’espère, toutes nos forces vives et un appétit de victoire retrouvé.
N’oublions pas que l’équipe sur ce week-end avait 1/3 des titulaires du match victorieux contre Rouen, la semaine dernière, qui étaient soit en équipe de France -20, soit avec les pros à Toulouse.
On est toujours à égalité de points avec Agen et, comme dans Highlander, à la fin il n’en restera qu’un !!
Texte : Pierre Navarron