Les certitudes...

Sans être à Troie, mon tendon d’Achille s’est pourtant rompu, immobilisé, je n’ai vu le match qu’avec la procuration de Canal + et les commentaires d’Éric Bayle et Marc Lièvremont. Les jeux de laser au moment de la Peña Baiona et ce qu’on ne voit jamais quand on est assis dans les travées de Dauger ; les joueurs, tels des gladiateurs, dans le couloir des vestiaires prêts à entrer dans l’arène plongée dans le noir. Les visages tendus, concentrés, quelques sourires, des poignées de mains entre fidjiens et l’insondable nœud au ventre que tu veux libérer au coup de sifflet arbitral. Et Bayonne a attaqué ce match pied au plancher, ne laissant pas une seconde de répit à des auvergnats balbutiants. Moins de cinq minutes de jeu et Paulos marque le premier essai des bleus et blancs après l’inévitable pénaltouche et l’incontournable groupé-pénétrant qui lui sert d’exutoire triomphant. Segonds transforme, l’entame est belle, prolongeons-la. Mais suite à un premier ballon aérien raté, on se met à la faute et Clermont réduit le score (7-3).

Mousques a des jambes de feu, Maqala est revenu en habits de magicien, la ligne défensive averne est aux abois, on est plus près d’Alésia que de Gergovie. On va retrouver notre duo d’allumeurs d’attaque pour un deuxième tout en inspiration basco/fidjienne, des tchics et des tchacs de partout au milieu du terrain by Sireli et un déboulé tout en accélération et en crochets made in Xan. Rattrapé devant la ligne d’essai, c’est Swann Cormenier qui va finir le travail dans un style plus massif, mais tout aussi vainqueur. Segonds et Urdapilleta, le nouvel ami de Jean Dauger, passent chacun une pénalité. Mais le demi-d’ouverture bayonnais veut avoir le dernier mot et passe un drop pour asseoir la domination de son équipe (18-6). Clermont a du mal à se sortir de la pression bleue, sans cesse ramené dans son camp par un jeu d’occupation au pied, bien supérieur côté bayonnais. Et sur les rares occasions qu’ils se procurent, ils n’arrivent jamais à conclure, trop pressés et subissant la rugosité des avants basques.

Aviron Bayonnais Rugby Formation Formation Bts Ndrc Mco 8897 250302 Bayonne 3

12 points d’écart à la mi-temps, on aurait peut-être pu espérer un peu mieux côté bayonnais, alors que les Auvergnats peuvent se dire qu’en étant un peu plus précis, il y a éventuellement un truc à aller chercher. À la reprise, Bayonne reprend la main, Carreras a des fourmis dans les jambes, Segonds passe une nouvelle pénalité. Clermont prend un carton jaune et c’est là qu’on perd un peu le fil; sur le coup de pied de renvoi, les jaunards marquent un essai transformé. Joris Segonds, blessé, égare deux pénalités faciles pour lui.

Tatafu rentre, domine en mêlée et renverse du clermontois sur chacune de ses charges surpuissantes. Et Mori prend un rouge logique, pour une prise crocodile sur Jeauneau. En suivant, pour une fois, Clermont attaque, on n’est pas connecté, pas bien replacé et ils marquent un nouvel essai entre les barres (21-18). C’est peur sur la ville qui envahit Dauger, le momentum et tutti quanti technique sont du côté clermontois.  Bourdeau, impeccable depuis son entrée, prend tous ses ballons en touche.

Clermont, fidèle à son plan de jeu, cherche des pénaltouches et les galvaudent par deux fois. La deuxième lui sera fatale, contre-attaque des 22 bleus, Carreras s’échappe, fixe et sert Tiberghien en position d’ailier, passe vers Maqala replacé à l’intérieur, le ballon tombe en arrière juge l’arbitre et Germain, déguisé en sauveur masqué, le ramasse et s’en va l’aplatir entre les poteaux.

Il avait déjà pris le relais de Segonds au but, en passant une pénalité quelques instants plus tôt et ne se fait pas prier pour transformer son essai, portant la marque à 31-18. La défense bayonnaise fait le reste sur les derniers instants, repoussant toutes les velléités offensives adverses, jusqu’à les mettre à la faute et permettre à l’arbitre de siffler la fin du match. À la télé, ce match a semblé rude, avec de gros impacts et des collisions qui ont fait mal aux carrosseries de part et d’autre.

Le jeu aérien est toujours notre point faible, on subit trop sur cette phase de jeu, permettant à l’adversaire de trop souvent marquer des points. 

Mais on les a challengé sur leur point fort, le jeu au sol avec un Bosch toujours présent et un Maqala aussi cranté sur ses appuis qu’aérien dans ses crochets.

On les a dominés dans l’ensemble en mêlée, on a été plus chahuté en touche, mais je crois que la sortie rapide d’Iturria n’est pas étrangère à cet état de fait. Notre ligne de trois-quarts a elle aussi été dominatrice par sa vitesse, son talent individuel, je crois qu’elle peut encore faire mieux d’une manière plus collective, j’en suis même sûr.
C’était un match à 8 ou 0 points comme disent tous les grands mathématiciens de l’ovale.

Alors, faut croire qu’on a de bons actuaires dans la maison bleue et blanche, because les 8 points, c’est in the pocket. Équation simple et basique à deux inconnus ; le perdant et le gagnant ! Et bingo, c’est Bayonne qui empoche le gros lot.  Pas de match avant 3 semaines, c’est vacances pour le Top 14, place à l’équipe de France sur les deux prochains week-end. En espérant y apercevoir, peut-être, Tatafu et sa gouaille joyeuse (à part quand tu le prends plein buffet en mode obus des îles)

Texte :  Pierre Navarron