In - touchables...

Quand t’as pas le scrum, tu win pas, paraît-il…
Va falloir trouver une citation pour les touches, parce que si ce n’est pas la seule raison de la défaite Lyonnaise du jour, elles y ont grandement leur part avec 8 touches perdues dont 7 en première mi-temps.
Chouzenoux a été le principal tourmenteur de son ancien partenaire du Racing. Il doit connaître sur le bout de ses doigts ailés tous les tics de lancer du chat-lanceur ou alors ce dernier sachant le talent contreur du Chou a forcé ses lancers jusqu’à s’embrouiller l’esprit, trop de chou, tue le game.
Et comme la scrum du Lou était plutôt en difficulté face à sa rivale, le win était mal en point presqu’à l’entame, les basiques ont ça de bien, c’est qu’ils sont immuables et tiennent toujours leurs engagements.

Mais le Chou n’a pas été seulement le royal happe-cuir de ce match, il en a été son fleuron et son fer de lance, du début à la fin, j’en veux pour preuve ce plaquage sur le Lyonnais Parisien en toute fin de match après un long coup de pied de dégagement d’un de ses partenaires en bleu et blanc.
On sentait, à travers son action, toute l’envie d’un groupe qui ne veut se satisfaire d’un accessit pour cette fin de saison et qui se donne les moyens d’aller chercher le graal d’un barrage à la maison, voire plus si la passion débordante du peuple bayonnais l’emmène à ouvrir les portes des demi-finales.
33 ans qu’on attend ça, depuis un certain match à Tarbes contre le BO et l’histoire d’un drop qui n’aurait jamais dû exister si le rugby n’était que cartésien.

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Ce samedi, on a senti un groupe sûr de lui, sûr de sa force, malgré les forfaits de dernières minutes ou les blessures venus dans le cours du jeu.
Certains donnent leurs corps à la science, Arthur Iturria offre le sien au monde de l’ovalie et à son abnégation obsessionnelle.
Mais rien n’y fait, même les blessures des finisseurs : Bordelai et Capilla entraînant le retour de Cormenier et Bruni pour finir de la plus belle des façons le travail de tout un groupe.
Une 1ère mi-temps jouée sur un faux rythme qui donne presque un sentiment d’indolence que seules réveillent quelques actions d’éclat.

Un essai en filou de Rouet, une percussion de Tuilagi et un jeu en triangle, comme au hand-ball, du trio de la première ligne, Cormenier à l’abordage, Bosch à l’intérieur et Tatafu à la conclusion, le bras dressé pour faire lever un stade à l’unisson.
Lyon qui a dominé territorialement en début de match, se contente de miettes que Berdeu envoie entre les barres, pour le modeste pécule de 6 points.
Le chat est maigre, dit l’un, la touche aussi répond l’autre.

Juste avant la sirène de la mi-temps, Bayonne dynamise le jeu, en faisant preuve d’alternance, les Lyonnais se mettent à la faute, Segonds gêné par une cuisse douloureuse passe la pénalité (18-6).

Dès la reprise, les Rhonalpins profitent de leur dynamiteur en chef: Baptiste Couilloud, qui tente de mettre le feu dans la défense bayonnaise, se servant de l’explosif Gouzou qui est à la mèche courte ce que Lilli Pasta est aux pâtes al dente.
Lyon autour de ce duo endiablé et d’un Chat omniprésent cherche l’accélération permanente et instantanée.
Bayonne fait le dos rond, subit sans dommage, regroupé autour de Cassiem, sa véritable gare de triage, le Matabiau de Saint-Esprit.

Le temps fort rhodanien prend fin après une nouvelle pénalité de Berdeu (18-9).
Il est temps, maintenant, de parler du momentum bayonnais, ce si cher momentum, tellement important pour quelques penseurs de notre jeu et autres intellectuels des bords du terrain.
Erbirnatégaray, le gamin de Barcus, va laisser son bristol à Tchaptchet en le mystifiant avec une élégance rare dans un espace aussi grand que celle d’une bonne vieille cabine téléphonique.
L’essai d’Erbi sent vraiment bon la gagne et permet aux bleus de reprendre leurs aises au score (23-9).
On n’oubliera pas de noter dans son carnet aux belles actions de la saison, la splendide passe sautée de Tom Spring pour son ailier.

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Deux ailiers atypiques, aux caractéristiques opposées mais qui se complètent à merveille pour leur plus grand bonheur, celui de leurs entraîneurs et le nôtre.
Le bonus est dans la poche, ça serait bien de le garantir en y ajoutant un quatrième, juste pour ne pas le perdre bêtement ou par pure inadvertance comme contre le Racing, par exemple.
La garantie est apposée par Tiberghien après un petit côté joué intelligemment par Germain, belote et rebelote, on peut voir venir, plus sereinement, le dix de der.
Tuilagi perce et plaque toujours, GHK retrouve son gaz, mais Lyon refuse d’abdiquer.
Sous la houlette de Couilloud, qui marque un essai refusé, Lyon trouve un intervalle et Tchaptchet, malheureux quelques instants plus tôt, pointe le ballon derrière la ligne bayonnaise (28-14).

Le Lou veut enfoncer le clou et attaque de partout, les turn-over se multiplient, Berdeu se fait découper par un Xan Mousques aux épaules de déménageur.
Les bleus et blancs éteignent le feu lyonnais et reviennent finir le job dans les 22 des joueurs au maillot noir.

L’arbitre refusera un essai à Martocq et un autre à Bruni mais rien n’enlèvera la joie de chanter et le bonheur d’être bayonnais au peuple de la Nive et de l’Adour et même des alentours.
C’était un match à 8 points qui nous en a rapporté 9, parfois les maths ont une logique des chiffres qui échappent au plus grand nombre mais ravissent les excités des datas.
Lyon est relégué à plus de deux victoires (sans bonus) de notre position actuelle, ce qui veut dire que si on fait le plein à domicile, il leur est pratiquement impossible de revenir à notre hauteur.
Dans cette logique, au regard des résultats de cette journée, il n’y a plus qu’une seule équipe qui peut s’immiscer dans la lutte à cette quatrième place : Castres !!
Et je crois que le Castres- Bayonne prévu à l’avant- dernière journée de la phase qualificative du Top 14, fera saliver/transpirer beaucoup de monde.

Mais on a encore le temps pour penser à ça, il y a quelques matchs à jouer et à gagner avant…

A chaque samedi suffit sa peine.

L’appétit vient en mangeant, sachons l’aiguiser chaque semaine pour qu’il soit le plus vorace possible dans le money time, quand les affamés prennent le pouvoir.
En attendant, les Bulls viennent à Jean Dauger samedi prochain, pour un barrage éliminatoire en challenge cup.
C’est la première fois qu’on joue un barrage à domicile en Challenge Cup et c’est la première fois qu’on rencontre une équipe Sud- Africaine en compétition officielle.
Deux bonnes raisons qui font qu’on ne doit pas rater ce moment, c’est l’Histoire, celle avec un grand H, ça serait dommage de ne pas en être.

En attendant ce moment, bonne semaine à vous et à très bientôt…

Texte :  Pierre Navarron