BAYONNE - ROUEN /Stade Belascain - Samedi 15 février 2025
Défaite 25-23
La lanterne rouge...
C’est un match de fond de classement, entre les deux équipes trustant les dernières places, loin derrière les autres.
C’est un match qui n’attire aucun regard, si ce n’est celui des familiers de ces deux équipes ; les amis des bons et mauvais jours, la famille toujours là quoi qu’il arrive et quelques petites aux yeux de Chimène, profitez-en les mecs, ça ne dure pas toujours…
C’est un match joué au fin fond d’Armandie, loin des tribunes dédiées aux grands matchs, loin des flonflons de la valse musette.
C’est un match qu’on aura oublié à peine on l’aura vu, rien de ce qui s’y est passé n’aura imprégné l’œil d’une image à la fois fugace et inoubliable, rien ne se sera écrit sur les pages des légendes de ce jeu, pas une ligne.
Ce n’était même pas le brouillon d’un brouillon, le buvard est sec, le flacon d’encre n’est même pas ouvert, l’odeur de l’oubli est prégnant comme la fragrance d’un match inutile.
On entend, au loin, la rumba triste des saisons galères, une musique sans entrain et au refrain morose d’un « comme d’habitude » hebdomadaire.
On cherche les mots qui deviendraient ceux d’un rap aux accents guerriers et à la rythmique entraînante, emmenant tout le monde dans une rime riche aux mille rebondissements.
Mais Rohff n’est pas dans la place, Damso est retenu ailleurs, Booba avait autre chose a faire, Jul et Ninho se livraient une battle dans un stade Vélodrome ou Paris revisitait Sodome et Gomorrhe.
Alors, il nous reste la fiche technique du match, la réalité brute d’un score et de son évolution factuelle.
Ces 6 pénalités passées par le buteur Lot-et-Garonnais et les 3 ou 4 qu’il a laissé en route, preuve, en creux, de l’indiscipline bayonnaise et d’une certaine mainmise Agenaise sur le match.

Bayonne aura, quant à lui, réussi les 3 pénalités que lui a accordées l’arbitre dans sa grande mansuétude du jour.
Quand sur les 48 points marqués, presque 60% sont inscrits au pied, je vous laisse imaginer le film de ce match et son déroulé particulièrement haché.
On retiendra les deux essais marqués par nos Bayonnais qui ont toujours cru à une victoire possible malgré un sort contraire.
Le premier essai est une interception de Rasal, qui s’en va marquer tout seul entre les barres en milieu de première mi-temps.
Le second intervient alors qu’Agen vient de passer 3 pénalités et qu’il mène à quelques instants du terme avec 9 points d’avance (25-16).
Une pénaltouche, un groupé-pénétrant qui se met en route, Salvi et Tumania qui s’échappent soudés l’un à l’autre comme des frères siamois, personne ne les arrête et pour finir, le talonneur bayonnais, en solo, finira dans l’en but pour marquer son essai.
Agen aura également marqué après une pénaltouche en milieu de première mi-temps.
Il nous reste des fragments de jeu épars qui viennent se poser dans la boîte aux souvenirs éphémères ; Txomin Ithurbide arrachant, en papa des packs, un ballon au cœur d’un maul adverse, les charges d’Emosi Tumania toujours aussi explosives qui auraient mérité un peu plus de précision pour que la continuité soit assurée, le timing et le sens du jeu d’un Cillers Viljoen mais qui n’aura pas scoré en ce samedi.
Beaucoup d’erreurs techniques, énormément de déchets des deux côtés n’ont jamais permis aux deux équipes de proposer un jeu plus élaboré avec des courses et des passes qui ne s’arrêtent jamais.
Même si à la fin du match, les bleus de la Nive ont un peu plus osé, cherchant une échappée belle qui leur aurait permis de faire une pierre deux coups ; gagner le match et lâcher Agen au classement.
Malheureusement, les espoirs bayonnais ont perdu (25-23), Agen a pris 4 points, nos bleus se sont contentés du bonus défensif, maigre pactole…
Il reste quatre matchs à jouer, il faut espérer un changement de paradigme, une décision de Trump infligeant aux premiers du classement une taxe sur les bénéfices qui devient leurs droits de douanes incompressibles et plombants.
Mais bon Trumpinette et sa bande ont d’autres chats à fouetter que de s’occuper de nos petites misères ovales de seconde zone.
Ce bloc est terminé, il y a maintenant un repos de 3 semaines, le temps de recharger les accus et de vider les têtes et de retrouver un moral tout neuf.
En attendant cette reprise, bonne foire au jambon et joyeuses Pâques; doucement sur la cochonaille et le chocolat et à très bientôt !
Texte : Pierre Navarron