Aviron Bayonnais Rugby Formation Formation Bts Ndrc Mco Sireli Maqala Essai Bayonne Racing 2024

Acte de confirmation…

Les vuvuzelas des manèges venaient de faire un adieu peut-être définitif à Jean Dauger. Personne ne les a regrettés, après vingt minutes de cacophonie qui ressemblait à une Coupe du Monde de foot en Afrique du Sud, sauf que cette fois, personne n’est resté dans le bus.

Hormis cette guerre picrocholine entre notre institution municipale et des forains revendicatifs, tout s’est presque parfaitement passé du côté de Saint-Léon, à part un point perdu en cours de route, et aucun Petit Poucet n’est venu le ramener au planchot bleu et blanc.

Il y a presque quarante ans, les Racingmen étaient venus jouer à Bayonne avec un béret sur la tête. C’était l’époque des papillons roses et des vérins arméniens d’une hauteur de 10 cm, puissamment armés, qui tombaient avec une précision de seconde ligne, au cœur des mêlées les plus secrètes.

Cette année, les Franciliens étaient plutôt démunis, battus en férocité, en abnégation, en vitesse et en solidarité par des Bayonnais redevenus les lions de la Nive.

Le jump était bleu et blanc, et la touche était le domaine réservé de Chouzenoux, qui se rappelait au bon souvenir de ses anciens partenaires. Iturria, avec un timing si précis, a définitivement embrouillé les lancers du talonneur adverse.

 

D’entrée de match, les Racingmen, tout de sombre vêtus, ont tenté de s’accaparer le rythme du match et de le mettre à leur heure de Greenwich, mais c’était sans compter sur les bras bayonnais, ceux de Habbel-Kuffner pour ne pas le nommer, arrachant le ballon des mains de Fickou et remettant l’horloge du match entre Nive et Adour.

Tout était Bayonnais en ce début de match : le jeu, la possession, la territorialité, les pénalités, et la réussite de Segonds (3-0), ainsi que la longueur de son jeu au pied qui faisait reculer un Spring, l’un des rares Parisiens à essayer d’inverser le cours des choses.

Carreras faisait le show, il casse trois plaquages, Machenaud est décalé à sa gauche, mais il l’oublie pour tenter un intérieur qui finit en avant, provoquant un long soupir de désappointement dans la foule, couvrant même le klaxon des forains sud-africains.
Segonds enquille toujours (6-0).

Le Racing tente de trouver des solutions sur le petit côté, peine perdue ; la défense bleue ne lâche rien, resserrant les mailles de son filet. Tatafu est au contest, Iturria est un beau voleur de touche, et « No pasaran » semble être le mot d’ordre, sans qu’un seul bleu ne s’y soustraie.

 

Tatafu, tel un autobus impérial, prend un boulevard à fond de cale, personne pour l’arrêter, à part Joshua Tuisova, on respecte toujours ses aînés chez les iliens, même si parfois on oublie…
Le jeu a rebondi vers les trois-quarts : Carreras est dans l’intervalle, trois partenaires à sa droite, ça va être un essai, ça doit être l’essai, mais le petit ailier argentin n’a pas vu la grande silhouette de Kpoku et son activité inlassable venir le plaquer, lui faisant commettre un en-avant malvenu.

L’arbitre nous trouve des défauts en mêlée : les liaisons, la tenue, la coiffure sur le côté, le lacet mal attaché… Il y a toujours quelque chose qui déplaît à M. Basco-Blasque, peut-être à raison ; de toute façon, on est en tort et on en subit les conséquences.
Chouzenoux, architecte de la touche, se paie le luxe d’une percée soyeuse avec feinte de passe, petite accélération et retour vers un intérieur qui est un véritable appel d’air pour ses partenaires. Ils vont en profiter aussitôt.

Bosch plaque le grand Tao qui perd le ballon, Segonds le ramasse, le donne à Chou, véritable concentré de justesse situationnelle et d’à-propos technique. Il offre le ballon à Maqala dans le bon tempo, ce dernier s’infiltre dans la ligne de défense parisienne, plaqué, Machenaud relève le ballon pour Paulos. Deux, trois coups d’épaules très argentins, et on enchaîne vers le large, où Bosch vient couper la ligne dans un intervalle grand ouvert dans l’axe des poteaux et marque le premier essai bayonnais, transformé par Segonds (13-0, 33ème).

Dans la minute suivante, on a cru à un nouvel essai d’Iturria suite à une échappée majuscule de Habbel-Kuffner, mais ce dernier s’était saisi du ballon au cœur d’un ruck en position de hors-jeu, alors qu’il n’était pas le dernier participant du regroupement et à ce titre n’avait pas le droit de le faire.

Pénalité pour le Racing et réduction du score par Le Garrec (13-3). Juste avant la mi-temps, l’arbitre décide de sortir le jaune pour Tatafu et son opposant gaucher, Racingman et Georgien à la fois, ce qui fait beaucoup de monde pour quelques suiveurs un peu largués.
On se dit après ce premier acte que c’est une bonne entame, mais que ça aurait pu être mieux avec un peu plus de précision et de patience. Finalement, ce n’est pas cher payé pour des Racingmen totalement atones.

La deuxième mi-temps repart sur le même tempo ; il ne manque plus que Lavilliers et Jimmy Cliff, et on en fait une harmonie.
Les pénalités s’enchaînent contre le Racing, on est scotché dans leurs 22, et c’est Maqala, derrière un ruck, qui va crocheter et échapper aux défenseurs franciliens pour aplatir son 6ème essai de la saison au pied des poteaux. Segonds transforme encore (20-3).

Il n’y a qu’une équipe sur le terrain, elle joue en bleu et blanc et maîtrise le jeu à sa guise, pratiquant l’alternance avec un Lopez rentré en 10 et un Segonds qui a glissé en 17, tandis que Cheikh est passé à l’aile droite à la place de Callandret, commotionné.
Les actions près de la ligne d’en-but du Racing se multiplient : un essai de Bordelai est refusé à juste titre, Tatafu charge et secoue tout ce qui vient en opposition. Tarrit prend un jaune pour un plaquage haut, le Racing est à l’agonie ; il faut mettre le descabello du bonus offensif.

C’est Carreras qui fera office de matador, suite à un jaillissement magistral de Héguy sur un ballon égaré au sol par des Parisiens désemparés.
Les avants enchaînent en pick and go. Lopez saute pour Carreras, petit crochet intérieur, et le compte est bon (25-3).

Le Racing, qui sent le boulet de la lourde défaite, essaie de relever la tête, mais son jeu est stérile et ses attaques à plat n’apportent aucune vitesse à son manque d’inspiration.
Sur une pénaltouche, le pack bayonnais fait une démonstration de groupé-pénétrant ; même sur PlayStation en GTA ou autres, ça n’aurait pas été mieux exécuté.

Segonds transforme encore (32-3).
Il reste à peine un quart d’heure à jouer, Bayonne évolue en totale sérénité, trop peut-être…
En deux minutes, le Racing, moribond jusqu’alors, va marquer deux essais et enlever le bonus offensif aux Bayonnais déconfits (32-15).
Pour le coup, on a vu les cannes d’Arundell ; notre replacement défensif devient brusquement aléatoire et déconnecté.
Le ressort n’est plus assez tendu, on manque de gaz, on est moins précis en touche, on fait des fautes de mains, on ne fait plus les bons choix, et les angles de courses ne trouvent plus les espaces qui ménagent les essais du bout du temps, comme celui de Rémy Baget l’année dernière.


Le match est gagné, bien gagné. Le stade exulte, les vuvuzelas des autos-tamponneuses sont reparties, mais on ne peut ôter de nos pensées la perte d’un point, un misérable point égaré lors d’un trou d’air, tel un avion qui perd soudain de l’altitude suite au même phénomène.


Il faudra savoir les éviter dans notre futur proche ; c’est là qu’on doit encore s’améliorer. Quand un bonus te tend les bras, comme cet après-midi, il faut savoir le prendre et surtout le conserver, sans rien concéder à la facilité ou au laisser-aller.
En conclusion, je dirais que c’était, malgré tout, une très belle après-midi de rugby où tous les supporters bayonnais ont pris plaisir à regarder leur équipe et à vibrer à chacune de ses actions, et Dieu merci, elles furent nombreuses.
Dans cet enchaînement de matchs contre trois équipes (UBB, La Rochelle, Racing) habituées au top 6 et récents demi- finalistes, nous avons pris 10 points sur 15 possibles, c’est plutôt rassurant et encourageant.

Je crois que cette équipe va encore nous étonner cette saison et que de belles surprises nous sont promises.

En tout cas, c’est tout le mal que je nous souhaite !!



Le week-end prochain match à Lyon où je crois qu’on a jamais gagné, bonne occasion pour commencer…

Mais comme le dit mon maître à penser, Gérard Blanc, ça, c’est une autre histoire…