Die hard...

On est arrivé avec le tempo du grand sommeil version Etienne Daho sous tranxène et Ernest Wallon nous a reçu en mode Fast & Furious avec un Mallia couplé turbo, bien loin du diesel original.Nous, spectateurs passifs, on a assisté à un match à sens unique, raconté par deux commentateurs qu’on a vite voué aux gémonies, sûrement parce qu’ils nous content une histoire qu’on n’avait pas envie d’entendre et dont les images illustrent notre déconfiture. Je pense que dans un coin de leur disque dur, les Toulousains avaient gardé en mémoire le souvenir de leur défaite du match aller et les embrouillaminis, entre le staff rouge & noir et quelques supporters bayonnais, qui ont émaillé la fin de cette rencontre, époque doublons de novembre. La vidéo du groupe Toulousain parue dans la semaine, les montrant style commando n’était pas un leurre mais une mission de rédemption et l’occasion de prouver leur leadership à tous les prétendants à une quelconque qualification en phases finales.

Dès le début du match, on a subi l’impact rouge et noir. 
Sur toutes les collisions on a été sur le recul, essayant tant bien que mal de recomposer une ligne de défense digne de ce nom.
Clairement on a pris des avions à réaction de tous les côtés, le moindre désordre devenait une mise en ordre de marche d’attaquants aux jambes de feu. On a eu l’impression que les Toulousains faisaient un concours de passage de bras et que les joueurs bayonnais n’arrivaient pas à arrêter cette orgie d’off-load assassins. Il faut croire que les matchs de février sont meurtriers quand ils se jouent en soirée. Bordelai a pris un jaune un peu incompréhensible à part pour un corps arbitral solidaire de ses décisions cartonnées.
Mallia ouvre la marque avec un essai qu’il transforme lui-même, Segonds lui répond par une pénalité quelques instants plus tard (7-3).

Iturria, sûrement le seul joueur à son niveau en ce début de match, pare au plus pressé, aplatit dans son en-but sauvant son camp devant Graou qui le remercie par une bise amicale et souriante.
Cramont marque à son tour (12-3).
On prend des contre-attaques de 90 mètres, c’est au tour de Segonds de jouer au sauveteur d’urgence.
En défense, on manque d’agressivité, le premier plaquage est rarement assuré, la circulation des joueurs est sans liant et les espaces s’ouvrent grand devant des joueurs Toulousains qui n’en demandent pas tant.
Willis, se prend pour Bruce, et veut faire vivre une soirée en enfer à tous les rucks bayonnais, faisant passer les joueurs bleus et blancs pour de petits garçons dans cette phase de jeu.
Pourtant, il serait bon que son totem d’immunité soit enfermé à double-tour dans le tabernacle de la jurisprudence McCaw et qu’il soit sanctionné à la hauteur de son engagement bien trop rugueux sur le visage de Marchois.
Notre chemin de croix continue avec des coups de pied directs en touche et des fautes à profusion qui régalent le sifflet de l’arbitre.
Sur les rares actions que l’on initie on se fait découper, Chocobarres se régale à faire du bois couleur bleu et blanc.

A la demi-heure de jeu, Tuilagi remplace Martocq blessé, jusque-là seul Mousques avait trouvé de l’avancée avec sa vitesse et ses crochets électriques. La rentrée du centre Anglais va faire évoluer (un peu) la donne.
Alors que Mousques se fait découper version Dexter par Lebel, Manu Tuilagi va casser des plaquages, va trouver des espaces et redonner un peu d’air aux bleus.
Segonds passe une deuxième pénalité (12-6).
On pense arriver à la mi-temps avec ce score flatteur au vu de la nette domination Haut-Garonnaise, on avait oublié Mallia et il s’est rappelé à notre douloureux souvenir.
Le génial Argentin a fait le show, deux cad-deb, tout en fluidité et en classe naturelle et la passe, comme une offrande, pour Epée.
Là où il aurait fallu le croquer sauvagement on l’a regardé avec admiration les yeux énamourés et le score a gonflé (17-6).
Mousques relance et réussit de jolies choses, Tuilagi traverse encore mais on ne concrétise pas, aucune occase à se mettre sous la dent.
Dès la reprise, Scholtz prend un jaune et comme en première mi-temps durant cette infériorité numérique on va encaisser deux nouveaux essais, coup-sur-coup, par Chocobarres et Castro Ferreira (29-6).

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Notre mêlée souffre, on est mangé sur tous les ballons aériens, heureusement Toulouse bégaie quelquefois son rugby ; tel Lebel, seul à quelques mètres de la ligne d’essai qui commet un avant malencontreux.
Toulouse contre-ruck avec efficacité mais parfois avec trop d’empressement provoquant des fautes qui nous profite pour nous permettre de nous dégager, mais jamais très loin et jamais très longtemps.
Un jeune pilier droit aux cheveux longs, remake moderne d’un Samson du rugby, fait un déboulé de 50 mètres, montrant son numéro à tout le monde.
Bosch, à son tour, prend un jaune et Delibes marque, toujours la même sanction, inéluctable (34-6).
On n’a plus le ballon, les pénalités tombent comme à Gravelotte, tout devient compliqué même les choses les plus simples…et invariablement on est refoulé chez nous.
Dans le sillage de Tuilagi, meilleur bayonnais du jour, Xan Mousques cherche l’ouverture au pied mais ne trouve que le sifflet de Gasnier.

On perd trop vite le ballon, on le rend trop facilement, on se fait arracher les ballons dans les mains sans se rebeller presque comme si c’était un fait acquis.
Dans le désordre qu’ils adorent, Toulouse par l’entremise de Delibes va récupérer un ballon dans ses 22 suite à un coup de pied bayonnais qui ne s’imposait pas trop.
Une longue passe vers Epée, qui s’avance vers la ligne de défense bayonnaise, encore à distance, il regarde derrière cette ligne Maginot et voit un espace gigantesque qui n’attend que son coup de pied de déplacement.
Aussitôt vu, aussitôt fait, il dépose tout le monde avec ses cannes de feu, Lopez posé tout au fond du terrain comme un ancien libéro du foot est déjà battu.
L’ailier Toulousain marque sans opposition et fait hurler le stade (41-6).
Côté bayonnais, les blessés s’empilent (Martocq, Castillon, Lopez).
Noir c’est noir, on voit même Dark Vador qui swingue son move sur un vieil air rital qui enflamme chaque week-end San-Siro plutôt que les 7 deniers.

DJ pépé fait chauffer les platines et Rouet accompagne Placines sur le banc après un nouveau carton jaune.
Le public Toulousain chante même qu’il est chez lui, en cas où on l’aurait oublié.

Le match se termine sans baroud d’honneur bayonnais, le meilleur a gagné, largement gagné, il n’y a rien à rajouter.
Autrefois, une chanson disait que « video killed the radio stars », cette semaine la vidéo au campus bayonnais ne tuera pas mais ne ménagera pas l’orgueil bafoué d’une équipe qui n’a jamais joué son match et a été le faire-valoir d’un champion voulant venger une défaite et donner l’occasion à ses réservistes de briller dans un doublon où certains pensent qu’il est forcément amoindri.

Passons à autre chose, l’A.S.M par exemple, sans oublier ce non-match et retrouvons les ingrédients nécessaires pour que la victoire soit une certitude et le seul objectif acceptable.
Les bleus se doivent une revanche et montrer que ce match à Toulouse n’est qu’un petit accrochage sans conséquence.
A très vite pour de nouvelles aventures.

Texte :  Pierre Navarron