BAYONNE - ROUEN /Stade Belascain - Samedi 15 février 2025
Victoire 23 – 13
À l'ombre de Dauger…
Ambiance feutrée à Belascain, le stade semble gigantesque pour la toute petite chambrée qui compose l’assemblée de ce match entre les équipes espoirs de Bayonne et Rouen.
Il y a là quelques jeunes filles en fleurs, des parents fidèles à leurs rejetons en culottes courtes et quelques copains de passage émergeants tout juste d’une soirée plus gin-to que tango.
Drôle de chronique pour un match anachronique recouvert par les bruits, les cris, les chants d’un Dauger voisin et braillard.
Shakespeare arnaqueur, tel le mystérieux écrivain originaire de Starford-upon-Avon, le commettant de cette chronique n’a pas encore le don d’ubiquité et se servira des images de Gégé le pieux, vidéaste d’une ville qu’on ne quitte pas, récitant Sapiac à tous les vêpres de ses homélies ovales.
Le temps était beau, un ciel à l’unisson du bleu des maillots, ce qui semble être du meilleur augure pour aller chercher la victoire plus que nécessaire pour éviter les sueurs froides d’une fin de saison au règlement mystère.
Le début du match est équilibré, se situant la plupart du temps sur la zone médiane des deux 22, là où les deux lignes de défense annihilent les rares attaques venant déranger leurs ordonnances.
Sarraude ouvre le score à la 18ème minute sur une pénalité (3-0).
Deux minutes plus tard, Rouen lui répondra en marquant un essai transformé sur la première véritable intention de jeu de ce match qui fait durer plus que de raison une période d’observation iconoclaste à l’heure de l’apéro prolongé.
Tilloles de retour après sa commotion internationale nous montre qu’il n’a plus aucune séquelle et marque un essai après une pénalité jouée rapidement à la main sur les 22 normands. Mais l’arbitre, l’empêcheur réglementaire du fait de bien tourner en rond, ne l’accorde pas, pour une raison que les remparts ne m’expliquent pas.
Sur la pénaltouche qui suit, on gâche… !!
Mauvaise coordination entre le lanceur et le sauteur, même le spectateur lambda trépigne d’une telle gabegie.
« One more second »me chante Matt Berninger et on le sait le rocker baryton a toujours raison; à peine le temps d’un clignement d’œil que Viljoen marque son essai dominical, surtout le samedi d’ailleurs ; l’art de l’ellipse sûrement.

Belle combinaison en touche où le talon Sud-Africain vient au relais de son sauteur et s’en va trouver main à main Lomidze lancé plein badin qui traverse la défense de Rouen comme une lame de couteau découpant une motte de beurre.
Plaqué devant la ligne, le 8 bayonnais dépose le ballon derrière lui, son talon a suivi, il ramasse la gonfle et marque en moyenne position (8-7).
Juste après la demi-heure Noa Traversier s’agace, prend un jaune et les bleus encaissent les trois points d’une nouvelle pénalité (8-10).
On pêche de trop d’imprécisions ; ballon tapé trop loin, sorti directement en ballon mort, passes dépassées, manque de timing…
On ne trouve pas le bon tempo, comme un piano pas encore bien accordé.
Rouen s’enhardit, n’hésitant pas à attaquer de ses propres 22 au risque de se faire contrer ou de commettre des fautes qui se retourneront contre lui.
Et ça ne rate pas, à la sirène de la mi-temps Sarraude passe une nouvelle pénalité pour les bleus leur permettant de virer en tête avant le retour au vestiaire (11-10).
Dès la reprise, Rasal va intercepter un ballon au cinquante mètres et s’en aller tout seul marquer aux pieds des poteaux, Sarraude transforme (18-11).
On vient de prendre le large, un petit peu, juste une marque, mais à l’entame d’un second acte, toujours décisif, il n’y a pas meilleur départ.
Le jeu est équilibré, autant dans les intentions que dans les fautes.
Rien ne sera marqué jusqu’à la 60ème minute où Rouen va réduire la marque avec une pénalité et se rapproche à un essai de nos Bayonnais (18-13).
Mais ça sera leur chant du cygne, la victoire devait être bleue en ce jour de grande communion ovale, il ne pouvait en être autrement.
C’était écrit, comme la femme est l’avenir de l’homme, le chroniqueur à l’instar du poète a toujours raison et Victor Hannoun est sa plume autant avérée qu’acérée.
C’est l’action bayonnaise du match, c’est l’action du match tout simplement, ça part de loin, de plus loin encore…
Thibault Lauray, dans le camp bleu est mis dans un intervalle qui ressemble aux grands boulevards un soir d’été, la voie est libre, tellement libre qu’il s’y engouffre à grandes enjambées flanqué, à sa gauche, de Victor Hannoun qui en grand prédateur a senti le goût de l’essai à venir.
Thibault avale les cinquante mètres qui le séparent des 22 adverses, un dernier cadrage à assurer avant de servir Victor, plus terminator que jamais.
Dix mètres à peine à courir, une bagatelle pour le septiste bayonnais qui s’en va marquer un nouvel essai se rajoutant à son escarcelle de goléador.
L’essai ne sera pas transformé (23-13).
Ça sera le score final, plus rien ne sera marqué, on aurait pu espérer un bonus offensif pour nos bleus mais l’ouverture ne s’est plus présentée et tout se termine par un beau contest d’Aymeric Rousere verrouillant définitivement la table de marque.
C’est une victoire qui fait du bien au moral, inversant la dynamique morose de la série négative où ne s’écrit qu’en lettres sombres le mot défaite.
On a laissé la dernière place à Agen, c’est pas encore une remontada mais c’est un pas en avant et d’autres suivront à n’en pas douter.
La semaine prochaine, on rattrape un match en retard à Pau, l’occasion de grappiller quelques points et de s’éloigner du fond de la cuve.
Il faut croire en notre étoile et se rappeler que la rouetourne tourne toujours comme aime à le rappeler l’éternel Franck Ribéry -qui est à la pensée universelle ce que Jean Claude Van Damme est à la philosophie Kantique.
A très bientôt…
Texte : Pierre Navarron